Textes Fondateurs
Le lieu commun entre l’art et la science, c’est l’imaginaire. Il est très souvent le préalable, pour le scientifique, au travail de recherche et pour l’artiste, au travail de création. Seule une science reliée à un imaginaire qui se poétise ( dans le sens : qui touche la sensibilité, émeut ) peut nous permettre de nous interroger, de découvrir et de comprendre le monde qui nous entoure. À l’heure actuelle, de plus en plus de scientifiques ont une approche globalisante.
Les arts et la science sont interdépendants : leurs fins se ressemblent beaucoup, et il existe une certaine ressemblance entre leurs méthodes. L’objectif de l’artiste et du savant est de donner forme au monde qui l’entoure. L’un et l’autre y parviennent en recherchant des configurations qui mettent en relation des expériences jusque-là dépourvues de lien. L’un et l’autre sont mus par la même impulsion : le désir d’apprendre ou, pour le dire autrement, de découvrir.
Propos de J.C. Polany rapportés dans L’Atout gagnant, Rita Levi Montalcini, Neurologue
De nouveaux paradigmes sont en train d’émerger, fruits des découvertes scientifiques de ce siècle. Celles-ci bouleversent la compréhension que nous avons du monde et la vision cloisonnée que nous en avons. À nous, maintenant, de faire de ces connaissances de plus en plus importantes de notre environnement et de nous-mêmes, soit des outils nécessaires à l’évolution et au bien-être de l’humanité, soit d’en faire des armes de domination et de destruction qui n’auront dans l’horreur plus aucune commune mesure avec ce que nous connaissons.
Dans la réalité quotidienne, nos occupations nous font souvent oublier les fondements de notre propre vie dans sa relation avec le cosmos. C’est alors la porte ouverte au repli sur soi, au xénophobisme, à l’intolérance. Il ne s’agit plus d’une participation active et consciente à l’évolution du monde, mais d’une fuite incontrôlée qui devient mortelle.
La Symphonie des Étoiles de Sylvie Vauclair, Astrophysicienne
Il faut arriver, par l’accès à la connaissance, par le biais de la culture artistique et scientifique, à nous faire atteindre ce qui nous fait le plus défaut, c’est à dire la difficulté que nous avons à nous inscrire d’une manière raisonnée dans un processus d’harmonisation avec le milieu qui est le nôtre. Ce manque aboutit à des dérives comportementales nous amenant à nous retrouver en contradiction permanente avec ce que nous avons de plus cher au monde, c’est à dire nous-même. Amener la connaissance, par une des caractéristiques fondamentales de l’espèce humaine, c’est à dire sa capacité à imaginer, permettra à chacun de se sentir, non plus « isolé mais uni à tous à travers le temps et l’espace, semblable et différent, unique et multiple à la fois, conforme et particulier, propriétaire de tout et sans rien posséder... »
Éloge de la fuite, Henri LABORIT, Neurobiologiste
Texte fondateur, Janvier 1999